ouest
west

mercredi 20 janvier 2010

Daniel Canty / Rêves


Rêve du 1er au 2 janvier 2010

Je rêve qu'Andreï Arsenievitch Tarkovski (1932-1986) est mon professeur de cinéma -- en tout cas j'assiste, dans un amphithéâtre qui n'existe pas à l'Université Concordia, à une conférence qu'il donne. C'est une belle salle aux reliefs sombres, avec un scène de bois ciré. Il est debout sur scène, côté cour, au podium, dans un col roulé et des pantalons noirs, les cheveux fraîchement rasés. Sa moustache manque. On dirait qu'il préférerait être ailleurs. (Il a dû accepter ce poste faute de financement pour ses films, dans un mouvement désespéré qui le pousse toujours plus loin à l'ouest, malgré sa mort.) À ses côtés, un orchestre s'accorde. L'écran est plus loin à l'arrière. Je ne sais pas si la conférence vient de commencer ou de finir. L'assistance est dissipée. On dirait que tout le monde sauf le conférencier veut parler. Ils cherchent son assentiment. Je me retrouve dans une petite pièce dénudée, qui doit communiquer avec les coulisses. Un adjoint me tend un livre emballé d'un délicat papier bible et une version annotée de mon scénario. Apparemment, j'ai fait un très bon travail. Merci. J'appellerai camarade Tarkovski plus tard. Pour l'instant, d'autres tâches m'attendent. On me guide le long de corridors de pierre, par des escaliers compliqués, et je me retrouve dans la voûte des projectionnistes. Une famille mexicaine, nombreuse et heureuse, cuisine ensemble. Je ne goûterai pas aux tortillas. Le projecteur est coincé entre la batterie de cuisine et le long pan de bois du comptoir. Le chef du clan, assez jeune, et moustachu, fait glisser le panneau coulissant qui ouvre sur l'amphithéâtre. Il désigne la scène, en souriant de toutes ses dents. Par l'embrasure, je vois que l'orchestre continue de s'accorder. L'auditoire s'en est allé. Des techniciens vont et viennent. L'écran est blanc. Andreï est encore là, debout au podium, papiers en main, ennuyé.